Clubs de lecture : vaut-il la peine d’y participer ?

8 % : c’est la part infime des lecteurs qui discutent régulièrement d’un livre après l’avoir refermé, révèle une étude du Centre national du livre. Pourtant, depuis 2020, de nombreuses institutions et associations constatent que leurs rencontres littéraires affichent complet. Loin des clichés, les groupes de lecture se métamorphosent : finis les cercles réservés à quelques initiés, place à la diversité des formats et à l’ouverture à tous, y compris ceux qui ne lisent que de temps à autre.

Clubs de lecture : un phénomène convivial qui séduit de plus en plus

Impossible d’ignorer l’essor des clubs de lecture. Que ce soit dans une bibliothèque municipale, une librairie indépendante ou sur les réseaux sociaux comme Livraddict, ces groupes rassemblent des amoureux du livre venus de tous horizons. Jadis confidentiel, ce mouvement s’installe désormais dans le paysage culturel, du CLAC du Gabon jusqu’au très suivi Oprah’s Book Club aux États-Unis. L’Organisation internationale de la francophonie et l’UNESCO observent ce phénomène jusqu’au cœur des villages d’Afrique subsaharienne, où la lecture collective devient prétexte à tisser du lien.

Lire, c’est bien, mais partager sa lecture, c’est autre chose. Chaque mois, un titre, polar, roman historique, essai ou science-fiction, est choisi. Chacun lit à son rythme, puis confronte ses ressentis lors d’une rencontre. Ces échanges, loin d’être réservés à une élite, valorisent la diversité des avis et piquent la curiosité. Les clubs de lecture réunissent aussi bien les passionnés intransigeants que les lecteurs peu assidus. Ici, défendre un coup de cœur ou marquer ses réserves devient naturel.

Voici quelques raisons pour lesquelles ces groupes séduisent toujours plus de lecteurs :

  • Explorer de nouveaux auteurs et genres
  • Approfondir sa compréhension des ouvrages
  • Élargir ses perspectives littéraires et culturelles

La dynamique ne faiblit pas. Médiathèques, associations et collectifs citoyens multiplient les initiatives. L’Association française pour la lecture constate une nette progression des clubs de lecture sur le territoire. La culture club s’impose, portée par l’envie de débattre, de s’ouvrir et de découvrir ensemble le vaste univers des livres.

Faut-il vraiment tenter l’aventure ? Les vraies raisons derrière l’engouement

Qu’est-ce qui motive un lecteur averti, ou simplement curieux, à pousser la porte d’un club de lecture ? Tout part souvent de l’envie de se retrouver. Partager un roman noir, un essai ou un livre feel good, c’est s’offrir l’occasion de confronter ses perceptions et d’élargir sa palette de découvertes. Les discussions offrent bien plus que le texte seul. Selon le CNL, près de 70 % des membres lisent des styles ou des auteurs qu’ils n’auraient jamais choisis spontanément.

Le club de lecture n’est plus seulement une réunion de passionnés : c’est aussi un espace où chacun peut prendre la parole. Professeurs, élèves, retraités ou jeunes actifs : toutes les voix comptent. On ose défendre ses idées, argumenter, écouter. Les débats autour d’un livre de science-fiction ou d’un roman classique ouvrent de nouveaux points de vue sur la littérature, qu’elle soit contemporaine ou patrimoniale.

Mais il y a plus : l’expérience sociale. Sortir de la solitude de la lecture, créer des liens, s’impliquer dans la vie locale, c’est aussi ce qui attire. Une enquête menée par Le Monde auprès de clubs associatifs met en avant l’impact positif sur la vie sociale et le sentiment d’appartenance. Partager ses idées, confronter des sensibilités, découvrir d’autres univers : la lecture en groupe devient une aventure collective.

Comment se déroule une rencontre et à quoi s’attendre concrètement

Participer à un club de lecture, c’est adopter des rituels simples, accessibles à tous. En général, les membres se retrouvent une fois par mois, parfois plus, dans des lieux variés : librairies, bibliothèques, médiathèques, voire chez l’un d’entre eux. Certains choisissent de se réunir en ligne, via les réseaux sociaux ou des plateformes telles que Livraddict ou TikTok Book Club. L’ambiance ? Jamais guindée, souvent dynamique, toujours respectueuse.

La rencontre commence en faisant le tour des impressions. Chacun partage ce qu’il a pensé du livre sélectionné : roman noir, feel good, science-fiction, tout dépend du choix du groupe. On échange sur l’intrigue, les passages marquants, le style de l’auteur, les thèmes abordés. Les références s’invitent à la table, de Jane Austen à Mary Ann Shaffer, en passant par Annie Barrow ou Fitzgerald. Les débats prennent souvent une tournure animée, grâce à la variété des opinions.

Parfois, un animateur structure la discussion, veille à la répartition de la parole et propose des pistes. D’autres groupes préfèrent laisser la spontanéité guider les échanges. Pas de place pour les jugements : l’écoute prime, et la curiosité l’emporte. En fin de séance, le groupe choisit le prochain livre à lire, soit d’un commun accord, soit au hasard. Cette diversité de genres et d’auteurs nourrit l’intérêt et incite à sortir de ses lectures habituelles.

Voici ce que les participants apprécient particulièrement dans ces rencontres :

  • Découvrir de nouveaux auteurs et styles
  • S’enrichir grâce à la diversité des avis
  • Créer des liens autour de la passion des livres

Dans ces espaces, la lecture prend une autre dimension : elle devient collective, vivante, et propulse chacun vers de nouveaux horizons.

Jeune femme lisant dans un parc en automne

Partager ses coups de cœur et élargir ses horizons : ce que les clubs changent dans la vie de lecteur

Ce sont les échanges qui font la force des clubs de lecture. Autour d’un livre, les avis s’entrecroisent, parfois divergent, mais toujours s’écoutent. Confier un coup de cœur, défendre une histoire, entendre la passion d’un autre lecteur : voilà ce qui enrichit et renouvelle le plaisir de lire. Certains y découvrent des auteurs qu’ils auraient ignorés, d’autres revisitent des classiques, portés par la conviction d’un membre du groupe.

Un titre inattendu peut déclencher la surprise, lancer des débats, entraîner vers des univers peu explorés. Un exemple : l’un des membres évoque comment la découverte de Daniel Pennac, suggérée par une enseignante du groupe, a bouleversé sa perception de la littérature. Un autre raconte avoir été marqué par un roman de Virginie Grimaldi, soufflé par un camarade. La variété des livres abordés fait voler en éclats les idées reçues : la science-fiction côtoie le roman noir, l’humour s’invite aux côtés de l’essai philosophique.

Au fil des rencontres, la curiosité s’aiguise. Les lecteurs s’aventurent sur des terrains inconnus. Ceux qui lisaient surtout de la littérature française découvrent des auteurs africains ou américains. Les clubs encouragent la circulation des idées, élargissent le champ des possibles et ouvrent la porte à d’autres sensibilités.

Les bénéfices concrets sont multiples :

  • Rencontres intergénérationnelles : enseignants, élèves, jeunes et seniors construisent ensemble une culture vivante.
  • Plaisir démultiplié : partager ses émotions et écouter celles des autres, c’est offrir une seconde vie à chaque livre.
  • Dynamique collective : lire prend une dimension sociale et devient bien plus qu’une expérience individuelle.

Un club de lecture, c’est peut-être l’occasion de découvrir que derrière chaque livre partagé se cachent autant de mondes que de lecteurs réunis. Et si la prochaine rencontre vous emmenait là où vous ne l’attendiez pas ?